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vendredi 5 décembre 2008

La fête du mariage « TAMGHRA »





La fête du mariage « TAMGHRA » est la cérémonie la plus appréciée chez les Toufaoutis.
Et bien que le protocole varie d'un douar à l'autre, les berbères partagent le plus souvent les mêmes coutumes. Aussi, le déroulement du mariage dans la tribu d'Ait Toufaout en général, et à sidi m'zal en particulier, est marqué par de fortes ressemblances et de rares différences.
A Ait Toufaout, Les cérémonies du mariage, globalement dénommées « tamġhra » s'échelonnent souvent sur 3 jours à commencer du samedi : le premier jour, sans compter les préparatifs qui demandent plusieurs jours, et donnent lieu à des soirées chantantes qui se terminent toujours par la danse
D'« ahwach ».



Description du mariage :

Après avoir choisi celle qu'il désire épouser, le jeune homme fait part de ses intentions à son père souvent par l'intermédiaire de sa mère ; ce-ci reste néanmoins une forme plutôt assez émancipée du mariage, puisqu' il y a peu de temps les familles décidaient du sort de leurs enfants sans leur demander leur avis.
Le père ou la mère et des proches parents « Imsegueln » font le chemin vers le domicile de la jeune fille, et proclament : « infgiwn igan win rbbi » hôtes de Dieu. Les parents de la jeune fille leur souhaitent la bienvenue et leur offrent à manger et à boire ; après quelques paroles échangées, ils exposent le but de leur visite.
Une fois cette démarche agrée, il reste au père du prétendant de faire la démarche d'officialisation des fiançailles qui consiste à aller offrir à la mariée du henné par Imsegueln.
L'acceptation du henné par la famille de la mariée annonce l'officialisation des fiançailles. Par la suite on s'accorde sur les conditions du mariage, et la date de sa célébration.
Par la suite, les deux familles entament les préparatifs pour la cérémonie du mariage et informent leurs familles et leurs proches.


Premier jour du mariage.

Au domicile de la mariée, les tuteurs des deux futurs époux s'isolent dans un salon réservé aux hôtes « tamsriyt » pour procéder aux formalités de l'établissement de l'acte de mariage en présence des adoules.
On rédige l'acte « asdak n-nnikah », puis le fkih récite une fatiha écoutée avec gravité, Le mariage par ce fait est officiellement consacré.


De son côté, le fiancé portera dorénavant le nom d' « Asli » et il le conservera durant toutes les festivités qui succéderont. Il lui est conseillé de ne pas trop apparaître afin d'éviter le mauvais œil, les conseils nécessaires lui sont prodigués par sa mère ou sa grande sœur « masse ousseli ».
On assiste aux préparatifs «d'oukrisse » les cadeaux destinés à sa promise par « timzaoura » (trois femmes mariées, et que ça soit leurs premiers mariages).

Selon les coutumes, on étale l'habit traditionnel blanc « Ahayk ou Afagou » au sol que timzaoura remplissent en versant chacune trois poignées de henné, une bague, un kaftan, une paire de babouche « Tachbalte », « lhzam » une ceinture, « Aslham » une cape, « Lktib » un foulard, des amendes, des bonbons, des dattes, des pains de sucre, et une paire de babouch pour chaque membre de la famille de taslite. Le tout enroulé dans une cape (Aslham) que la mariée doit porter durant le voyage pour rejoindre le domicile marital.

Ensuite sur la mule sellée, on pose oukriss, puis on fait monter un garçon (dont les parents sont toujours vivants). Puis « Imsalan » le cortège se dirige vers la maison de la mariée sous un concert de chants rythmés, en poussant des you-yous et des strophes.

A leur arrivée le village de (taslite) qui d'habitude scintille faiblement à cette heure est illuminé de toutes parts, les imsalan trouvent à leur attente les membres de la famille de la mariée.
Après avoir souhaité la bienvenue aux hôtes, on les fait introduire dans la maison. Le garçon doit toucher taslit trois fois sur le dos avec oukriss, puis il le déposera à ses pieds en échange de « talgamout » bague ou bouquet de basilique, que la famille de la mariée doit lui remettre.
Durant la cérémonie d'oukriss, les invités affluent le soir avec les cadeaux « tarzifte » qui peuvent être soit des vêtements pour la mariée soit des pains du sucre, du pain, des babouches ....

On sert un grand diner à (Imsalan) et les convives après lequel les invités auront droit au thé à la menthe accompagné des amandes grillées au feu de bois et des gâteaux.
Après le dîner, tous les présents, hommes et femmes sont invités à se rendre à « asrire » place du village où les tapis et les nattes sont installés là où les invités doivent continuer la fête pour contempler le déroulement de l'art traditionnel de la chanson berbère authentique : AHWACH, durant laquelle on commence à chauffer « elouna » et « ganga » les tambours, en arrosant généreusement tout le monde des parfums mêlés des youyous des femmes « taghrite ».
Auparavant, on n'avait ni l'habitude ni le besoin de faire appel à des groupes musicaux, puisque la plupart des habitants du village et des invités sont exercés à cet art à dominante verbale, le berbère est connu pour la poésie verbale.
Généralement la nuit, ce sont les femmes qui descendent offrir le spectacle en toute discrétion, car elles sont vêtues et couvertes de la tête aux pieds et chantent en demi cercle à l'intérieur duquel sont accroupis des hommes de village disposant d'une grande expérience dans la manipulation de "ganga et aloune", des instruments de musique anciens fabriqués en peau de veau ou de chèvre selon la nature de chaque instrument.
Pour ceux qui ne comprennent pas le berbère, ces fêtes peuvent paraître rapidement ennuyeuses, par ces musiques et danses monotones. Pourtant la plupart des gens, jeunes compris, les préfèrent aux manifestations plus modernes, aux concerts de guitare, banjo et percussions accompagnés de chants.
C'est que ces longs et lancinants échanges chantés sont en fait de véritables joutes verbales qui tiennent en haleine et amusent les badauds.
Deux chanteurs (qui dans l'ancien temps en venaient parfois aux mains) se provoquent de façon poétique, mettant en valeur leurs atouts et déclamant les faiblesses de l'autre ; Les plus belles attaques sont récompensées par des youyous épars venus des rangs compacts où les femmes, toutes voilées de noir, sont regroupées à l'abri des hommes.
Puis, un troisième chanteur intervient dont le rôle sera de réconcilier les deux autres. Le concert peut continuer en toute quiétude jusqu' avant l'aube (lefajre).





A l'aube du deuxième jour

Ce jour est considéré comme le jour faste, la fiancée doit quitter définitivement la maison maternelle pour rejoindre la demeure maritale. La coutume veut que la mère n'accompagne pas sa fille le jour de son départ.
Le village résonne de chants sous un cil de Lune, la mariée est portée sur le dos d'un mulet maintenue par l'un de ses proches de préférence son frère, son cousin ou son oncle ; elle est acheminée vers la demeure de son conjoint accompagnée par un cortège « tanguifte » de femmes et des hommes « Imengfne et temengfine » ainsi que les enfants, tout le douar assiste à la fête.
Le tanguifte avance en chœur dans la même direction sous un concert de chants rythmés, et comme il a été souligné, la mariée doit selon la tradition pleurnicher en signe de tristesse en quittant les siens.
A l'arrivée au domicile du mari dont la porte est close, les "timneguefine" accompagnant la mariée ainsi que celles qui représentent le mari s'adonnent à un échange parfois virulent des chants rythmés de « tandamte » dont le contenu est sagement appris par cœur et transmis de mère en fille selon des règles séculaires inaltérables.
A l'issue de ce concert sacré, La famille du mari effectue le jet à volonté de dattes, des amandes, sur (imenguefen) le cortège de la mariée.
Les trois femmes qui entourent la mariée, une de chaque côté la troisième tient un bouquet du basilique « tagourte » derrière la tête de la mariée. En échange de tagourte, les trois femmes doivent marchander pour être remboursées selon leur honorable prestation.
Ce rite se passe généralement à l'intersection de la rivière qui sépare les deux demeures respectives des deux conjoints, ces honoraires symboliques sont réclamés avant de traverser la rivière ; mais si celle-ci fait défaut alors c'est devant la demeure d'asli que cette réclamation aura lieu.

Après avoir effectué le jet d'amandes et de dattes, la mariée doit étaler du beurre ranci (oudi) sur les traverses de la porte ; Le mari est tenu de le gratter avec un poignard argenté « lkmeite » et d'accueillir la mariée en lui lavant le pied droit au seuil de la porte du domicile marital.
Par la suite, « imenguefen » accèdent à la maison avec des youyous « tagherite » ; de charmantes filles présentent des beaux bijoux d'argent sur des plateaux « tisguite » en signe d'opulence et tout ça s'inscrit dans l'esprit d'hospitalité caractérisant les Toufaoutis.
Les femmes qui entourent la mariée ,chantent les courtes strophes de « tazrrart » elles accompagnent la mariée (taslite) vers une chambre préalablement aménagée à cette fin « ahano ntaslite »; selon les rituels ancestraux, la mariée doit s'installer dans un coin de préférence droit du dit ahano et plus précisément là où on a pris le soin de déposer trois boules de pain, sur lesquels on apposera une espèce de plateau en paille tressée contenant les affaires personnelles de la mariée (henné, Tazoult. Peigne...), dans le jargon, ce plateau est intitulé « tisguite ».
Les femmes débarrassent la mariée de ses vêtements du voyage ainsi que son foulard de jeune fille, puis on tresse ses cheveux et on dissimule ses franges « tawnza » sous un foulard de couleur rouge, qui est le signe ostentatoire d'une femme mariée.
Puis on la revêt de ses nouveaux habits et on voile son visage avec le ktib, qu'elle gardera jusqu' à ce que son mari l'ôte pour la dévoiler.
Dans le temps cet acte est un moment magique tant attendu de la part d'asli qui découvre pour la première fois le visage de sa promise, mais ce temps là est un passé révolu ; On la pare soigneusement, (le henné, Tazoult et toutes les préparations nécessaires).
Juste après, on assiste à d'autres traditions comme celle de « berkouks » on prépare un plateau de gros grains de couscous avec un bol au milieu rempli d' « oudi » beurre ranci.
Une jeune fille sert des poignées de beurre ranci, aux jeunes garçons courageux, qui frayent un passage dans la foule compacte des filles en se faisant malmener à coups de bracelets et de babouches sur la tête; le jeu consiste à prendre des gorgées de ce liquide et le pulvériser sur les récalcitrantes, les candidats ne sont néanmoins pas nombreux.

D'autres traditions consistent essentiellement en « Tarzifte », il s'agit d'accueillir la mère de la mariée accompagnée de quelques femmes munies de cadeaux essentiellement « azlaf lbsisse ».

Bien évidemment tout le monde attend la réapparition du mari. Chose faite, il arrive et doit saluer tout le monde en leur souhaitant la bienvenue tout en arrosant généreusement les invités de parfums mêlés aux youyous des femmes (taghrite), c'est l'équivalent des applaudissements.
Et là commence la cérémonie du thé préparée par asli et « lebsis » sorte de gâteau à base du beurre ranci et du blé grillé que la belle-mère d'asli a préparé.
Asli s'installe à Ahanou ntslite on lui sert un service à thé complet (plateau argentée où de jolis verres sont soigneusement rangés et couverts d'un foulard en soie, des boîtes argentées contenant du pain de sucre cassé et le thé reconnu de qualité « agayo n'totofte » ainsi qu'une bouilloire contenant de l'eau chaude pour préparer le thé).
En attendant la préparation du thé, les gens profitent de l'ambiance comme à l'habitude des berbères ayant le sens de l'humour, dans des circonstances pareilles. On trouve toujours des gens jouant le clown en faisant éclater l'assistance de rire.
Arrivés à ce stade, les gens s'apprêtent à prendre le déjeuner. Les serviteurs sont à pieds d'œuvre en vue de servir tout le monde et d'être à la mesure de la fête à tous les égards. Toute l'assistance doit être satisfaite aussi bien imenguefen et inrzaf et les autres invités.
Les gens sont servis à volonté, le repas est généralement constitué à l'entrée par une variété de plats constitués d'huile d'argan, du miel de préférence naturel, le beurre berbère (oudi) ainsi qu'amlou fait à base d'huile d'argan et des amandes grillées et broyées dans un moule traditionnel « azergue ». Peu après cette entrée, on sert le tagine berbère préparé à base de légumes fraîches, de viande de mouton ou de veau, d'huile d'olives et bien pimenté avec divers épices donnant un goût exceptionnel parfois piquant mais délicieux.

Après le déjeuner, une série de rites traditionnels est entamée.
Aussi, on assiste à la pulvérisation des parfums et de basilic (lehbakt) à volonté sur les invités. La même ambiance règne du côté des femmes qui savourent elles aussi à leur manière la joie de la fête, séparément des hommes.

Au troisième jour :
Nous sommes toujours chez la famille du mari, car l'essentiel des festivités se déroule du côté de la famille du mari. Dès le troisième jour, après avoir pris le déjeuner ou le dîner selon bien sûr les traditions observées en de pareilles circonstances, les gens se mettent à pied d'œuvre en préparation du voyage vers la famille de la mariée.

Le cortège est composé d'hommes et de femmes à leur tête le mari et sa femme, l'objectif est d'aller remercier les parents de la mariée en signe de satisfaction. Cette foule s'appelle "Inerzaf" c'est l'équivalent d' Imneguefne
A l'arrivée chez la famille de la mariée, la foule d'Inerzaf" est accueillie par les youyous des femmes. Ils sont invités à entrer à la maison en les arrosant des parfums et sont orientés vers un salon meublé de tapis.

Inerzafs sont invités à manger, puis à la cérémonie du thé qui est encore une fois servi selon les mêmes traditions.

Les groupes d'ahwach prennent place et offrent aux invités un merveilleux spectacle de chants et de danse. Il est d'usage qu'asli fasse le tour de la place publique « asays » et qu'il parfume les invités, sous une avalanche de you-yous. La danse d'ahwach a cette fois une fonction conclusive.
Arrivé à ce stade, la cérémonie commence à toucher à sa fin ; aussi
Imenguefens quittent les lieux et ce, après avoir pris un ultime goûter « awzdwit ».

Le dernier jour se passe généralement avec les proches de la famille ; après un léger repos, la journée est généralement consacrée aux "Telba", des fqihs venant des douars environnants invités à réciter le Coran à la maison dans le but d'invoquer une certaine bénédiction d'Allah sur la vie commune du jeune couple, le rituel s'appelle « SELOKTE »

Ainsi le calme regagne la maison. Dorénavant, la mariée mènera une nouvelle vie au sein de sa nouvelle famille. Et comme à chaque fin heureuse on prononce la formule magique «Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants»

Pour conclure, en faisant la lumière sur la persistance de l'antique formule du mariage chez les Toufaoutis, nous avons essayé de rendre hommage à nos traditions et notre amazighité avec cette description témoignant d'une des facettes de la richesse de son patrimoine.

Cette culture que nous évoquons avec nostalgie puisqu'elle a tendance à se rénover de génération en génération, se trouvant à cheval entre la tradition et la modernité. Cette métamorphose bien que progressive, nous fait poser la question de la nature de l'héritage culturel qu'on laissera à nos enfants, puisque c'est la culture qui forge l'identité.



ABDERAHIM DASAA